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27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 19:04

Atelier virtuel de Michel - Proposition : utiliser les 30 mots choisis dans un texte sur les Aztèques. 

Les mots proposés sont soulignés dans le texte. 

Voici mon texte : 

Le Panier fleuri

 

Maria-Louisa, tenancière de bordel ou directrice de maison close, avait quitté son Andalousie natale au bras du beau Firmin qui avait promis d'en faire une princesse à Paris.

Elle s'était retrouvée à peiner sur le trottoir d'une sombre rue, parisienne certes, mais pas princesse du tout.

Amoureuse et docile, elle œuvrait pour son Firmin avec quelques autres, pas plus fortunées qu'elle.

Grâce au travail assidu de ses gagneuses, le beau Firmin avait acquis une maison dans laquelle il avait consigné son petit monde. Comme il lui fallait une directrice et que Maria-Louisa prenait de l'âge, ajoutons qu'il avait toujours eu un faible pour elle, il l'avait élue, non pas princesse, mais directement reine de cette maison de plaisirs. On pourrait s'interroger sur cette notion de plaisir, bien subjective, mais il faut reconnaître que Maria-Louisa, Madame comme elle se faisait appeler, était très attentive à la qualité de vie de ses protégées. Elle les considérait comme ses filles, sans doute avait-elle quelques réminiscences de son passé, elle avait commencé au bas de l'échelle, gravi chaque échelon sans en sauter aucun avant d'arriver au poste suprême.

« Le Panier fleuri » était son domaine, chacune des pensionnaires, toutes volontaires, y portaient un nom de fleur, leur assurant un peu d'anonymat ; certaines, d'ailleurs, dissimulaient leur visage sous un masque en présence des clients.

Madame était très à cheval sur l'hygiène et décourageait ceux qui cherchaient des sensations fortes. Certains hommes à la propreté parfois douteuse étaient écartés sans ménagement par Madame, à la grande satisfaction de ses femmes. Elle estimait que ses employées avaient droit au respect et à certains égards. Elle avait institué des règles strictes, il était de son devoir qu'elles soient observées.

Chacune était libre de sa vêture et de son maquillage, c'est à peine si elle leur donnait un conseil : à titre d'exemple, un peu moins de noir autour des yeux, porter un bijou autour du cou ou pas ; elle les laissait libres de l'appliquer ou non.

« Le Panier fleuri » accueillait des hommes de tout bord, on y rencontrait parfois des prêtres, reconnaissables entre mille bien qu'ils vinssent en habit civil.

Bien connu en haut lieu, y défilaient aussi le gratin parisien, beaucoup de pères y amenaient leurs fils pour le baptême du feu qu'ils arrosaient au Champagne. Un discret petit paquet, contenant souvent des friandises ou des fruits exotiques, était offert à Madame, une sorte de remerciement.

Le dimanche était jour de relâche, Madame s'en allait avec ses filles se divertir dans les guinguettes du bord de Seine, quand le temps le permettait elles pique-niquaient sur les berges. Elles y rencontraient souvent leurs clients avec leurs familles, comme de bien entendu ils s'ignoraient.

Voilà pourtant qu'un jour, alors que ces dames se prélassaient dans l'herbe, ce que la raison réprime se produisit. Léon, le jeune Léon, habituel et amoureux passionné de mademoiselle Azalée, franchit l'infranchissable. Quittant le cercle familial, il s'approcha de sa bien aimée, lui tendit la main et l'entraîna dans les fourrés. A peine eurent-ils disparu que madame sa mère tomba en pâmoison. On se pressa autour d’elle, ces dames la ranimèrent doucement.

Elle avait presque repris ses esprits, lorsque Léon et Azalée revinrent de leur escapade. De but en blanc, il annoncèrent à l'assemblée leur décision de convoler, décision irrévocable.

Monsieur père pensa qu'il était grand temps de réunir ces deux mondes parallèles, il déboucha quelques bouteilles de vin rosé et tous trinquèrent à l'événement.

Madame mère noya sa déconvenue et sa rage dans les vapeurs de l'alcool.

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